des journées entières dans les arbres… sur ce cerisier qui me donnait ces cerises, juteuses, sucrées et acides…
ces branches qui m'accueillaient, d'où coulait une sève rousse et gluante sur ces rameaux noirs et salissants… ces feuilles dentelées qui me donnaient de l'ombre lorsqu'il faisait beau soleil… ses pétales étalées au sol, comme de la neige de printemps. des journées entières sur ce cerisier que j'aimai comme un ami… il m'a appris à grimper, à escalader ses branches, à ne plus avoir peur du vide et à aimer d'être là parmi les oiseaux à qui il donnait refuge.
Sûrement je l'ai grimpé pour en descendre le chaton qui y était coincé… et cela m'a plu.
Une première petite chatte passait par là et je ne mis pas longtemps à l'apprivoiser. Mon père qui était astmathique n'en voulait pas. Une belle petite chatte chartreuse qui passait par là venant de je ne sait ou… courtisée par tous les matous de gouttière du coin… on lui donnait du lait, et de la viande et elle revint… sur le trottoir d'en face une dame donnait déjà a manger à tous les chats du quartier, mon jardin était donc un point stratégique pour eux… alors ils prirent l'habitude à certaines heures, toujours les même d'élire leur QG dans ce coin du jardin… De mon arbre je les regardais, je leur parlais, en miaulant, je leur chantais même des chansons, j'avais l'impression qu'on se comprenait. Mon père continuait à les chasser, mais dès que j'étais là ils revenaient. Tous les jours avec ma sœur on s'occupait d'eux. Un jour on entendit de petits miaulement dans les troènes. là la découverte de petits chatons de petites boules du noir au gris, de l'uni au rayé… les yeux tout collés, ils grandirent et jamais je ne les oublierais… les voir jouer, avec les herbes, se courser, s'attraper, se donner des coups de pattes… de ce jour, je ne pourrais pas m'imaginer avec des chats en appartements… Et il eut de cette portée cette petite chatte toute noire, toute douce, toute mignonne… les autres chats disparurent… il ne restait qu'elle… le soir elle miaulait à notre fenêtre, nous attendions que mes parents s'endorment et nous la laissions entrer et elle dormait au chaud avec nous, avant que mon père se lève, nous la mettions dehors… Quand nous laissions la fenêtre ouverte, nous la retrouvions parfois caché dans le placard, elle mit bas au même endroit de nouveaux petits chatons… Lorsqu'il faisait froid, le soir, elle les hissait un par un sur la fenêtre et miaulait pour nous prévenir qu'on devait leur ouvrir.Alors on les rentrait chaque soir, ils avaient droit à nos soins, du lait, (parfois au biberon que l'on vidait de leurs petits bonbons tous colorés), des caresses et des bisoux… La journée, ils étaient totalement libres, jouaient, chassaient, dans tous les jardins aux alentours… de cette période j'ai gardé l'amour inconditionnel des chats. et ils m'ont inspiré le goût de la liberté.
posse
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le goût de la liberté